À la suite de ma 3e séance de chimiothérapie, mes cheveux ont commencé à tomber.
Depuis la 4e, encore plus.
Dès que je passe la main sur mon crâne, j’en récolte.
Il y en a aussi sur mon oreiller le matin, dans mon lavabo. Un peu partout.
Je suis contente d’avoir tout rasé avant cette étape. Cela m’évite d’avoir des touffes de cheveux qui me restent dans les mains. D’en retrouver sur mon oreiller.
Ce crâne rasé, je pourrais dire que ce n’est pas mon choix.
Mais, au fond, cette « obligation » m’a révélée à moi-même.
Aujourd’hui, quand je me regarde dans un miroir, je vois mes yeux.
Je vois mon visage.
Je me reconnais malgré les transformations physiques.
Aujourd’hui, je suis dans un entre-deux, avec une implantation clairsemée, disparate.
Je trouve cela moche. Alors, je mets des bonnets, des foulards quand je sors.
J’aime me découvrir avec ces accessoires.
Dès que je suis chez moi, je reviens crâne nu car c’est plus agréable.
Je ne sais pas combien de temps cet entre-deux va durer.
J’ai presque hâte que tous mes cheveux soient tombés…
C’est un peu comme tous les effets de la chimiothérapie.
Un jour à la fois.
Je vois la dégradation lente de ma peau…
Elle se fragilise. Elle se dessèche. Elle me démange.
Des boutons apparaissent.
C’est inconfortable par endroit, par moment.
Aujourd’hui, quand je me regarde dans un miroir, je vois mon corps.
Et je me reconnais malgré les transformations physiques.
Malgré les inconforts, et parfois les douleurs.
À la fois différente et la même.
C’est étrange.
Viendront aussi les transformations physiques avec les différentes opérations.
Mais ça, ce sera une autre étape. Plus tard. Début 2023.
Ce chemin me relie plus que jamais à mon corps.
Ce corps qui me permet d’exister, d’être au monde, d’interagir avec le monde.
Qui est à la fois pleinement moi. Et pas que moi.
Je ne me réduis pas à mon corps, mais sans lui, je ne suis rien.
Je le chéris. Je ne m’y attache pas.
C’est étrange.
J’apprivoise tout cela doucement.
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