Il y a les changements extérieurs.
Ceux que nous décidons.
Ceux que nous ne décidons pas.
Ils peuvent faire peur quand ils nous font sortir de notre zone de soi-disant confort. Je dirais plutôt de cette zone connue, qui peut aussi bien être confortable qu’inconfortable. Mais surtout, nous la connaissons et ça nous rassure.
Et il y a les changements intérieurs.
Un changement de pensées, de croyances, de conscience.
Qui amène un changement de regard sur nous, sur une situation, sur une relation, etc.
Hier, j’ai pris conscience d’un de ces changements intérieurs.
En ce moment, je suis plongée dans le livre Im/patiente* qui propose une exploration féministe du cancer du sein. C’est extrêmement intéressant ! Je ne vais pas entrer dans les détails, mais une question m’est venue en le lisant : pourquoi, pour quoi, pour qui est-on amené à cacher son corps malade ?
J’ai noté cela dans mon carnet, puis j’ai ajouté : « LA question à se poser. Chacune ayant ses propres réponses. » Car pour moi, il n’y a pas une réponse universelle, l’importance réside juste dans le fait de se poser la question pour mettre de la conscience sur ce que je fais.
Ma lecture continue. Je découvre alors Audre Lorde, poétesse américaine qui a eu un cancer du sein et une mastectomie, et qui a écrit dans son Journal du cancer (publié en 1980) : « (…) aucune prothèse au monde, pas même la plus perfectionnée, ne pourrait réparer la réalité ni m’apporter les sensations que m’apportait mon sein (…) »
Et là, le choc ! J’ai pris conscience qu’aucune reconstruction de mon sein ne remplacera ce qui m’a été enlevé. Et alors, je me suis posé cette question : pourquoi, pour quoi, pour qui je reconstruis mon sein ?
Je vais faire court, car j’ai énormément à dire sur le sujet ! (Il faudra lire mon livre Au Sein de la Vie pour découvrir tout ça. (Il n’est pas encore écrit, mais ça va viendre 😊))
Je reviens au changement intérieur observé…
Cette question est venue me remuer profondément.
J’ai pris conscience de plusieurs choses très inconfortables.
Je n’ai pas de réponse claire encore.
Je me suis déjà dit plusieurs fois depuis mon opération : « Mais pourquoi je me suis lancée là-dedans ? N’aurait-il pas été plus simple de rester à plat ? »
Avant, j’aurais esquivé la question tellement c’est inconfortable.
Je l’aurais mise sous le tapis en me disant : « De toute façon, maintenant que c’est lancé, on va au bout ! »
Je n’aurais pas osé regarder les émotions qui me traversent.
Les pensées. Les histoires. Les peurs. Les doutes.
Aujourd’hui, j’ai réalisé que je n’ai pas peur d’être avec cette question et tout ce qu’elle soulève. J’accepte de ne pas avoir de réponse. Je sais qu’il n’y a aucune urgence à répondre. J’accepte aussi que je puisse changer de direction.
Il est là le GRAND changement intérieur : je n’ai plus peur de ce qui me traverse. Ok, ça peut être très inconfortable. Mais l’accueillir, le regarder, le reconnaître, c’est ce qui me permet ensuite d’avancer vers un choix qui me correspond encore plus ❤️
* Im/patiente de Mounia El Kotni & Maëlle Sigonneau — FIRST Éditions (2021)
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